L'Orage incessant de fureur .
Ces faits, réels se sont passés il y a quelques années dans ces montagnes de ce sud de la France. Nous étions , Pat et moi-même détachés sur ce sommet diabolique de puissance, pour un bénévolat d'assistance à coureurs en danger , je veux parler de ce fameux trail international . Cette course effrénée , composée de milliers de coureurs complètement fous à lier , exigeait , en fait, des dizaines de bénévoles , des braves parmis les braves de cette vallée rustique ,mais, néanmoins triés sur le volet .Les emplacements distribués à l'emporte pièce , les plus clairsemés possible, dans la montagne Pyrénéenne , parsemaient ces collines , nous , hommes ou femmes de main , serviront de pancartes directionnelles , genre signaux intermittants , mais tellement indispensables à la bonne marche de cette course fantastique . Je fais ce job , non lucratif , bien évidemment, depuis pas mal de temps et je m'en réjouis , chaque année , à l'approche de cette formidable épopée montagneuse .Mais ! parfois !! il y a un MAIS !! la météo ne se trouve pas toujours au rendez-vous de cette actualité sportive de très haut niveau . On nous avait, donc, confié la tache de garder ce poste élevé d'à peu près deux mille deux cent mètres d'altitude. Pour les puristes montagnards , c'est peu !! encore de la montagne à vache , mais pour nous ! Bretons de souche , c'est un peu plus haut que chez Breizh. Bref ! nous avions décidés de faire l'impasse sur un peu de notre liberté de retraités actifs , pour nous occuper de ces coureurs d'exception , hommes ou femmes arqueboutés sur ces pentes vertigineuses. Nous sommes montés , plutôt grimpés ces quelques marches sur ces sentiers, tôt le matin, presque aux aurores. Le casse-croute dans les sacs , le minimum vital , nous sommes en hauteur quand même ! il ne faut pas ignorer les risques encourus , si minimes soient 'ils .Nous nous sommes installés sur ce promontoire peu herbeux , pas mal caillouteux , soumis aux vents dominants , scrutant avec avidité et un peu d'anxiété , l'arrivée de ces forçats , sortes de va nu- pieds de la course en montagne . La chaleur matinale , de ce début juillet , nous réchauffait déjà , le soleil omniprésent , allait nous accompagner toute la journée , jusqu'au soir, enfin je le croyais, mais c'était sans compter sur cette météo changeante , capricieuse .Le compteur kilométrique , inexorablement , tournait pour ces artistes de la grimpette ascentionnelle , cela s'annonçait bien , à midi , une bonne moitié de la cohorte de chaussures Nike et consorts , , avait franchit ce passage obligé au terme de réelles souffrances . Mais ! nous savions qu'il fallait être prudent, la grosse majorité d'inscrits allait nous obliger à faire des heures supplémentaires . Après les cadors de la vitesse excessive , ils auront avalés , digérés les quatre vingt dix kilomètres en à peine huit heures , arriveraient les foutus et les éclopés de la glisse non contrôlée. Ceux la ! mettront pratiquement la journée pour faire la boucle .Il est quinze heure , de franches rigolades , de multiples communications encourageantes, laissent pantois nos acteurs du jour , ils repartent plus que jamais recomposés et requinqués par nos mensonges positifs . Les minutes passent , de plus en plus rapidement, seize heure se profile sur nos montres connectées. Quinze heure cinquante cinq , ce n'est pas Paris s'éveille , mais le cauchemard qui arrive en trombe ...................le ciel ! jusqu'ici tranquille ,d'un bleu azur , c'est emballé d'un coup de baguette magique , presque de façon machiavélique. Il est juste seize heure , je m'en rappelle parfaitement , comme le sifflet de ce chef de gare de cette piteuse SNCF , qui donne enfin le signal de ce décollage sur rails , cahotique à souhait . C'est le moment idéal pour vous avertir de quelque chose d'imminent se prépare , soit le départ de la loco crachant et fumant ses volutes de fumées et vapeurs d'eau ou !!! le début de la fin . Un nuage monstrueux , se profile devant nous , sans prévenir personne , avide de nous envelopper , nous transformer en carton bouilli . Je n'ai jamais vu cela de ma vie, bien que souvent sur ces sentiers , il m'arrive de temps en temps quand ! inconcéquant dans mon horaire , en retard , de subir les foudres de ce maitre incontesté du ciel. Il est sur nous , implacable de puissance , nous avons peur , légèrement , nous ne sommes pas des mauviettes tout de même !! Aucune cachette possible , rien !!Pas d'échappatoire , nous sommes désarmés devant cet ouragan qui gonfle démesurément .Les éclairs , nous éclairent de leurs puissances démoniaques , la foudre éclate autour de moi , je reste pétrifié, Pat aussi, son minuscule parapluie de ville a rendu obsolètes ses bélougas de baleines , la toile , définitivement percé , flotte comme un étendard abandonné par la troupe .J'avais amené dans mon sac, une cloche pour nous signaler en cas de brouillard , elle me sera utile pour me couvrir ma tète. D'énormes grêlons tambourinent furieusement , résonne sous cette masse métallique. Ce n'est pas le moment de travailler du chapeau , il faut se recroqueviller, admettre cette fureur d'éléments absolument incontrôlables. De petits ruisseaux commencent à gonfler , se transforment en véritables torrents , dévastant tout sur leurs passages. Et les coureurs ? me direz -vous. De véritables breloques sportives émergent de temps à autre du ravin , maintenant noyé sous le déluge de pluies et de vent , c'est apocalyptique ! la fureur des éléments nous rends dingues .Nous les secourons comme nous le pouvons , le téléphone , par miracle , fonctionne encore, nos appels désespérés se perdent dans cette immensité de nuages , pas du tout le cloud espéré. Déjà une heure de tourmente passé, il fait presque nuit , les bourrasques empirent de plus en plus, ma chérie au bout de ce fil cassé, s'inquiète fortement, attire l'attention aux organisateurs, mais rien à faire , la course est lancée , inarrêtable, définitivement sur ses rails. Pendant quelques heures , elle deviendra incontrôlable. Une accalmie se profile !! enfin, nous séchons , si ont peu dire, c'est pas du luxe , les engagés de la glissade continuent à arriver. Une véritable cour des miracles , enfin presque la fin du monde sportif . Il est dix sept heure trente , un petit répit s'installe , mais !! ..............je le sentais , ces moments la ...seront inscrits définitivement dans ma mémoire , nous aurions put redescendre de notre perchoir ? non !! pas question nous sommes la , à attendre les derniers, les exclus de ce chronomètre implacable . Ce que nous regardons !! c'est ENORME !!! Cet autre nuage , sorti directement de l'enfer de Cupidon et de Lucifer à la fois , , composant d'un véritable ouragan outrancier s'avance délicieusement, presque à nous embrasser et certainement nous balayer , nous propulser dans l'abime . Les deux heures qui vont suivrent , vont être époustouflantes de beauté, mais la crainte nous envahie ,subitement nous sommes happés, nous nous accrochons , Pat à ce minuscule rocher , moi , aux buissons décharnés par le vent. Durant une heure , nous serons arqueboutés contre les éléments rugissants, ce fut interminable, terrifiant , je suis littéralement couché sur le ventre, j'attends mon heure , ou plutôt la dernière .La foudre autour de moi, délimite un cercle magique .Je n'en peut plus, Pat à disparu derrière ce rideau de pluies incessantes , pas de ce misérable crachin Breton, que nous adorons , mais de ce déluge incessant de vigueur . Les coureurs ont disparus définitivement, les trombes d'eau ont définitivement noyé le parcours , en fait ! ils s'étaient tous rassemblés sur l'autre point de passage. Nous attendons , cela devient insupportable . La température, cerise sur le gâteau , baisse considérablement, affiche presque zéro, nous sommes en short , les vêtements de pluies ne suffisent plus, nos corps subissent de plein fouet cette grêle monstrueuse, presque à l'horizontale, fouette nos muscles gelés. Dix neuf heure trente deux, les éléments déchainés , s'affrontent entre eux , quand cela vas t'il se terminer , Une éclaircie se profile, subitement une clarté d'une beauté extrême !!! nous exultons de joie, la peur a disparu , nous sommes sauf, un coureur s'approche derrière nous, alors les gars ? vous bullez ? Nous tombons dans les bras les uns et les autres, aucune distanciation réelle , la partie est , sur les éléments déchainés enfin gagnée . J'immortalise par des clichés , ces lueurs pathétiques de ces instants magiques . Le dernier coureur, ne passera que beaucoup plus tard, nous redescendrons pratiquement aux bougies, tant pis......c'est tellement beau ! ,